Le triptyque, L’égarement du soldat, répond à la barbarie de la guerre par la poésie.
Dans cette fable, un soldat, s’étant arrêté un bref instant dans un sous-bois, est devenu captif de l’enchantement du lieu qui l’a transformé. Ses godillots vert de gris ont pris racine et font à présent partie intégrante de la forêt.
En s’égarant, l’homme interrompt le caractère mécanique d’un comportement. Cette perte momentanée génère un renouveau : le soulier militaire devient végétal et la lourdeur du pas s’allège.
Un réseau de radicelles en papier de soie forme les empreintes ajourées d’une paire de godillots et d’une trace de pas. Elles construisent et déconstruisent le soulier passant d’une verticalité à une horizontalité, d’une densité de matière à sa presque disparition. La forme intègre l’informe par un foisonnement de vie qui déborde.
Le pas pesant et martelant du soldat nous rappelle notre attitude pouvant être dévastatrice avec le vivant sous toutes ses formes. Des racines très fines surgissent alors, tels des récepteurs ultrasensibles, effleurant la terre. Ce triptyque est un appel à notre sensibilité pour interagir avec notre environnement. Passant du gris au vert, du mécanique au vivant, il cherche à intégrer nos parts d’ombre à la beauté du monde.