Une tête dans une tache. Je fouille la matière fluide à la recherche de traces. Le trait se dissout. Je le perds. La matière se fige doucement. Le visage prend forme. Inspirée par une foule. Fulgurance. Que des visages d’hommes. Puis je les oublie pour les réinventer. Des yeux, une coiffe, une parure en papier découpé. Interloquée, je m’arrête. Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Chaman, chef de tribu, acteur grimé. Tokyo, New-York, Helsinki. Le vertige me reprend. Je plonge à nouveau dans l’antre de la terre. Des premiers hommes aux hommes d’aujourd’hui. Ils remontent le temps par centaines jusqu’à moi. Les visages du monde.
Montréal, le 22 octobre 2017
Dans ce travail de nature proliférative sur les têtes, débuté il y a trois ans, j’explore la figure de l’autre entre étrangeté et familiarité. Inspirée de visages d’hommes, les têtes construites par traces et superposition de matières jouent, par associations incongrues avec le collage, sur le lien entre soi et le monde. L’humain est aussi animal, roche, végétal. Le masculin est aussi féminin. Cette série fait appel à un voyage intérieur touchant, par l’émotion, des époques et des lieux différents, l’ancien au nouveau, l’ici à l’ailleurs.